Pas de bruit, pas de remue-ménage, en ce printemps où trop s'agitent les poètes. Un mouvement d'aller enfante une renaissance tranquille. Par-delà les toits, s'allonge une campagne lentement éclose. Des oiseaux rassurés commencent à oublier l'hiver. Une eau nouvelle abreuve les prés. Un duvet vert chatouille le regard. Dans la lente montée du jour, calmement, sans tapage, les bourgeons préparent la fleur, le fruit. Rien n'est joli, tout est beau. Rien ne parle de la vie, tout est la vie. Se taire, se fondre dans ces paysages de forces et d'étonnements. Adhérer, appartenir, sans démonstration, au vivant qui ignore la mise en scène. Une mésange est à sa toilette dans le petit olivier de ma terrasse, sa présence et sa grâce sont bouleversantes. Loin des parades inutiles, elle remet le monde à l'endroit.
Ile Eniger - Les pluriels du silence (à paraître)