Le ciel lourd a mis des pierres dans mes mains. Elles ne peuvent plus écrire. Ne peuvent plus cueillir les mots ou les cerises ou les petites étincelles qui rendent la traversée habitable. Autour de moi, un brouhaha, fatigant, inutile. Je ferme les yeux. Il pleut. Je me souviens ta voix calmant les feux, effaçant les laideurs, défaisant les peurs. Ta voix défroissant les ailes. Ta voix ramenant la lumière. Ta voix peignant la vie. Ta voix que je n'entends plus. Seul le silence lui ressemble. Seul le silence est sa caresse, une saison autre.
Ile Eniger - Les pluriels du silence (à paraître)