Novembre s'appuie aux murs des maisons qui se ferment. Les arbres, lentement couleurs d'adieu, abandonnent leurs feuilles. Le paysage marche moins vite. Il va aux souvenirs les yeux clos. Les lieux, les gens, les choses sont encore doux pour la saison. Pourtant, l'hiver déjà profile des noirs et blancs frileux. Le silence se tait. Un soleil pâle se couche plus tôt. Les bêtes sont calmes. Les premières cheminées crachotent. De voix brèves, quelques oiseaux encore se souviennent de l'été mais les fleurs, prudentes, rangent leurs parfums. Le premier mois du froid délivre ses pluies grises. Et au palier du jour, la lumière baisse les yeux.
Merci encore aux organisateurs de ce très convivial salon du livre des "Feuilles d'automne" à Colmars-les-Alpes. Un accueil tellement chaleureux, humain, de belles rencontres, des amis revus avec plaisir, tous les ingrédients pour que les voix littéraires et amicales soient portées vers le meilleur. Bravo à tous. Ile Eniger
"Chez moi, la nuit arrive au soir, et par la mer",
disait l'oiseau qui, venu de haut ciel fuyait le soleil.
C'était un jour de petit jour
quand le ciel déclinait,
c'était, il n'y a pas bien longtemps
mais je ne sais pas quand.
J'avais assis la Vérité à ma table
et chacun y cherchait la sienne.
Pour les uns, la nuit arrivait de l’est,
pour d’autres, c’était à l'heure du crépuscule
quand sommeille la lumière.
Pour mon chat, c'était à l'heure des gamelles,
pour d'autres encore, l'éveil des étoiles attirait l’obscurité.
Nul ne savait dire exactement
ce qu’il en était.
Mais moi, qui n'en savais rien,
je tentais d'en parler aussi fort
et aussi vrai que le mensonge,
pourtant, on sait, la Vérité n'a pas besoin d'être défendue : elle est !
Rien donc, aucune réflexion, aucun blabla n'apportèrent de lumière
à l'épineuse question de savoir d'où venait la nuit.
Quant à la grenouille, elle chantait !
Et, imperturbable, l'Étoile du Nord ensorcelait la Grande Ourse.
Plus critique, un manchot trouvait tout cela si loup-phoque qu'il en vint à demander si le cours de la sardine allait chuter !
C'était au soir, avant que le matin n’arrive,
la Vérité était restée là,
assise à ma table,
il n'y a pas bien longtemps,
et mon chat en rit encore.
L'ami poète-écrivain-paysan, André Bucher, est parti rejoindre la source de sa superbe écriture. Que le Grand Voyage lui soit doux. Ses livres demeurent.
À Marie-Claude, son épouse, et à sa famille, mes sincères condoléances et mon amitié. Ile