Le manque ampute le bonheur chaque souffle un peu plus. Dans la maison seule, le jour peine. Le corps de l'absence tout entier y respire. De mauvaises herbes en rêves tenaces, un mouvement de mots imprime le silence. Je n'écris que de toi. Même quand je ne dis rien, je ne parle que de toi. Je n'oublie ni nos lilas, ni la rosée sur les joues des iris, encore moins l'innocent et sensuel parfum de nos roses dans la montée du soir juste après la pluie. Et même si de la lumière j'ai perdu l'absolu, c'est là que je sais la marque de tes pas.
Là, sur une place d'herbes folles, où des ruines s'inventent désespérément un futur, absent de tout, je n'attends rien que la brève embuscade qu'ombre et lumière tendent depuis l'aube à mon corps au verbe d'air.
Ainsi ai-je écrit : en marge de tout ce qui est figé mais
mais la révolte, mais la glaise rouge des ravines, mais l'eau qui fait défaut, mais la solitude, mais l'amour, mais le ciel s'usant à longueur d'heures, mais le soleil ramenant ses voiles au port le plus proche, mais la mort, mais la fatigue prise au piège du labeur, mais...
Jean-Claude Izzo - "Loin de tous rivages" - Éditions du Ricochet
C'est une longue marche qui oblitère le soleil et neige d'aubépines. La saison change de chaussures, le jour est moins vieux, les arbres anciens savent. Encore un beau printemps, se dit l'oiseau. Ile Eniger
C’est une longue marche qui oblitère le soleil et neige d’aubépines. La saison change de chaussures, le jour est moins vieux, les arbres anciens savent. Encore un bel été se dit l’oiseau. I.E.C'
C’est une longue marche qui oblitère le soleil et neige d’aubépines. La saison change de chaussures, le jour est moins vieux, les arbres anciens savent. Encore un bel été se dit l’oiseau. I.E.
Plaisir d'être, avec mon recueil "Terres de vendanges", en bonne compagnie littéraire dans la sélection de la Médiathèque de Monaco pour le Printemps des Poètes 2024. Ile E.
Je me souviens… ça vient de loin, ça va plus vite que moi, ça sert à quoi ? Les jeux dans les feuilles aux sentiers terreux. Les heures tricotées en évitant les trous. Les promesses effacées des âmes maladroites. Les bonheurs donnés repris. Lilas, pivoines, amandiers et autres, en fleurs, en parfums, chaque année, pourquoi ? Les joies virevoltantes piquées à la fin sur la toile du jour. Les mystères d'eaux à la gorge du rossignol. Les pas, les traces, les souvenirs, ces passages dont on oublie le sens. Quelqu'un arrive, un autre part. Et tout le reste qui remplirait des pages de cahiers, des pages d'existences, des pages de peurs et d'espoirs, des abris de maisons, d'arbres, de chants. C'est quoi tout ça qui aime, meurt et recommence ? Et les mots qui s'entassent pour rassurer la nuit. Et le chat dont les yeux sont plus vastes, plus confiants que l'amour même. C'est quoi tout ça ? Je me souviens… et ça ne suffit pas.