L’été provençal brunit ses écorces. Des poings de chaleur martèlent les volets clos. L'été bat son plein puissamment. Le silence des campagnes s’étourdit de charivari d'oiseaux, de crincrins de cigales, de courses de ruisseaux. Chats et hulottes sont gardiens des repos. Dès le matin, un soleil prévisible tire ses cartouches de ball-trap. Des heures de plâtre tombent des clochers. Une constante explose le mercure. L’asphalte suinte. Les sentiers poussièrent. Un feu de coquelicots attise les blés. Des rousseurs débordent les talus. La nuit, dans la géométrie des arbres, des frondes de lucioles éclairent un foisonnement plus fort que le fracas des hommes. L'exubérante saison saisit l’espace. Aucun grillage n'enclave la route des herbes. Au cœur de la chaleur, tout vient de loin. Tout va.
Ile Eniger - Le monastère de l'instant - Éditions Chemins de Plume