Plus rien. Plus de mots, plus d'amis, plus d'en-vie, que la grande Absence de ceux aimés partis pour l'inconnu. Qui m'ont laissée seule dans ce jour après jour de questions, de survie. Au plus près du rien, tout se dérobe loin, expressions variées qui font illusion. Je suis l'enfant trahi par le conte, l'animal abandonné, la femme lasse, l'assiette vide, le blé sans espoir, l'homme debout qui ne sait plus pourquoi. Et sur la terre sèche, mon ombre traverse les heures où d'autres s'agitent quand je suis statufiée. Mes mots taiseux ne comprennent plus, ne luttent plus, ne rient plus, ne prient plus, ne s'élancent plus. Inutiles, ils s'interrogent sur le sens et la place.
Ile Eniger - L'ordinaire des anges - (à paraître)