La laine d'une confiance sur l'hiver, les gestes familiers au déroulé de journées, la saison rougissante sous le ciel distant, je suis de la forêt qui protège l'arbre. Le crayon au poignet n'articule plus la voix humaine, vaincu par les il faut on doit, les joliesses égotiques, les pensées bien-pensantes, les panoplies de directions à suivre, les faisceaux pour attirer l'attention, les certitudes de toutes sortes, ces choses de l'inutile qui s'agitent, se rengorgent et dénaturent le parcours. Mon crayon se tait. Il écoute le silence premier. Avec lui, je n'appartiens pas, je ne joue pas, je ne spécule pas, je ne séduis pas. Avec lui, je suis racine, bête, eau, air, pierre, herbe, et les pas du jour après jour. Ces choses sans mots ni dogmes. Ni plus ni moins que le battement initial, sa respiration ordinaire.
Ile Eniger - L'ordinaire des anges - (à paraître)