Certains jours portent le poids de tous. La
journée s’ouvre sur une lassitude inattendue.
Le bonheur s’éloigne de quelques coudées.
Pas vraiment enfui, simplement ailleurs. On
le croyait miraculeux, il n’était qu’humain.
La neige flétrie traîne en boue sa saison
finissante. Quelques oiseaux chantent, il faut
de l’énergie pour chanter. On mesure la
solitude à la fragilité du pas qui traverse la
première heure pour accueillir les autres. Des
grains de lumière accompagnent ce qui
égratigne, on devrait pouvoir dépasser
l’inquiétude comme l’églantine monte en
beauté au-dessus des épines.
Ile Eniger - Le raisin des ours -Éditions Chemins de Plume