La laine d'une confiance sur l'hiver, les gestes familiers au déroulé de journées, la saison rougissante sous le ciel distant, je suis de la forêt qui protège l'arbre. Le crayon au poignet n'articule plus la voix humaine, vaincu par les il faut on doit, les joliesses égotiques, les pensées bien-pensantes, les panoplies de directions à suivre, les faisceaux pour attirer l'attention, les certitudes de toutes sortes, ces choses de l'inutile qui s'agitent, se rengorgent et dénaturent le parcours. Mon crayon se tait. Il écoute le silence premier. Avec lui, je n'appartiens pas, je ne joue pas, je ne spécule pas, je ne séduis pas. Avec lui, je suis racine, bête, eau, air, pierre, herbe, et les pas du jour après jour. Ces choses sans mots ni dogmes. Ni plus ni moins que le battement initial, sa respiration ordinaire.
Que la Nouvelle Année vous soit chaleureuse, bienveillante et que notre maison, la Terre, soit habitable pour tous. Bon et Beau 2025 à tous et à chacun. Ile Eniger
Aujourd'hui c'est l'hiver. Les jardins se sont éteints. Dans le portant de la pluie et du soir, elle écrit à la lueur d'une bougie. Cette lumière rassurante, vacillante, vibre avec les étoiles. Tous les chemins ont été pris, traversés, quittés. Demeure le présent. Ce blanc qui attend la nuit. La pluie tambourine, s'épaissit. Il pourrait neiger… C'est de là qu'elle écrit, de ce lieu intime, sans écho ni espoir, mais tellement vivant. Elle voudrait… Mais elle est seule maintenant. Plus grande que les leurres et les douleurs, elle pense aux bêtes, aux plantes, à la terre gelée. Elle pense au glacial du dehors. Et aussi au silence du dedans. Les phrases glissent dans la lumière dorée, elles animent le papier. Dans deux jours, ce sera Noël. Elle voudrait… Chaque mot est seul. Le paysage se tait. Le silence accompagne sa main. Elle sait, ailleurs n'est pas l'oubli. Elle pourrait sourire. Une fine couche duveteuse s'appuie sur le rebord de la fenêtre. Tout s'éloigne. Tout est là.
"Le problème de la vie c'est sa beauté, ce n'est pas sa durée, c'est ça que j'appelle la substance. La bonté n'existe pas à l'extérieur de l'homme, aucun système politique n'instaurera le règne du Bien et la seule manière de rendre le monde meilleur est de s'attacher à être bon en soi et autour de soi".