Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
13 avril 2025 7 13 /04 /avril /2025 11:29

Un loup traverse la chimère. Des mots arrivent sur le papier. Un crayon plus rapide que la douleur ouvre la page. Nul ne sait le lieu, l’heure. Ni où va le ciel, l’air, le temps. Toujours veille la lueur d’avance qui dénonce la nuit. Toujours le poète porte l’aile et l’envol. Toujours, aux mères inquiètes, la mer parle de large et de voyage avec une voix grave. Toujours la pierre lente montre des traces, des étapes. Toujours le clocher avertit. Un enfant chante, les arbres écrivent leurs feuilles, la saison s’appuie sur une autre saison. Toujours les déserts ordinaires cachent de l’eau et des jardins.

 

Ile Eniger - Extrait de : "Il n'y aura pas d'hiver sans tango" - Éditions Chemins de Plume

 

Partager cet article
Repost0
27 mars 2025 4 27 /03 /mars /2025 15:20

Texte extrait de "Du feu dans les herbes" Editions Chemins de Plume - Porté par la voix de Lelius et illustré par le premier mouvement du 'Concerto pour Violon' de Philipp Glass et des œuvres de différents artistes contemporains

Partager cet article
Repost0
3 mars 2025 1 03 /03 /mars /2025 18:23

Depuis ton départ vers je ne sais où, j'éprouve le gouffre de cette phrase : Je ne te verrai plus. Tu as tout emporté, les fleurs toutes saisons, la femme irradiante, les mas de terres pleines, les paysans puissants, les ports voilés de blanc, les coupes juteuses de fruits. Ta créativité ne jaillira plus sous ta main. L'absence n'a pas de main. Ni de chaleur. Ni de partage. Ton atelier n'existe plus. La maladie et la mort l'ont pillé. La foudre est tombée. Elle a crevassé le chemin solaire. Mais je veille, sans injonction, solution, direction. Du lever au coucher du soleil, je marche cet espace à remplir d'amour. Je vais de silences en gestes, et je recommence. Dans la déferlante des opinions, je ne crois qu'à la main tendue pour la vie, toutes les vies. Je suis à l'essentiel. Vieille terre refuge d'oiseaux, amandier sauvage sur l'hiver, dans la bienveillance des jours et nuits, je suis seule, debout, gardienne d'un amour invincible. C'est ma revanche sur l'Inacceptable.

 

Ile Eniger - L'ordinaire des anges (à paraître)

Partager cet article
Repost0
23 février 2025 7 23 /02 /février /2025 11:54

Certains jours portent le poids de tous. La

journée s’ouvre sur une lassitude inattendue.

Le bonheur s’éloigne de quelques coudées.

Pas vraiment enfui, simplement ailleurs. On

le croyait miraculeux, il n’était qu’humain.

La neige flétrie traîne en boue sa saison

finissante. Quelques oiseaux chantent, il faut

de l’énergie pour chanter. On mesure la

solitude à la fragilité du pas qui traverse la

première heure pour accueillir les autres. Des

grains de lumière accompagnent ce qui

égratigne, on devrait pouvoir dépasser

l’inquiétude comme l’églantine monte en

beauté au-dessus des épines.

 

Ile Eniger - Le raisin des ours -Éditions Chemins de Plume

Voir les commentaires

Partager cet article
Repost0
31 janvier 2025 5 31 /01 /janvier /2025 16:18

L'inconsolé du jour traverse des heures lentes. Si je pleure ce n'est pas parce que je ne veux pas que tu sois là où tu es, c'est parce que tu manques là où je suis. Le reste va son train de mesure incomplète. Le gros de l'hiver penche sur le sommeil des plantes, des bêtes et des hommes. Ce n'est plus ma main qui saisit les mots, ils viennent à ma fenêtre, claquent du bec pour je comprenne. Que je comprenne quoi ?

 

Ile Eniger - L'ordinaire des anges - (à paraître)

Voir les commentaires

Partager cet article
Repost0
22 janvier 2025 3 22 /01 /janvier /2025 12:26

Elle parcourt la nuit comme une, prise en faute. Elle a oublié les références, ne garde de la bibliothèque que quelques préférés. Derrière elle, l’éboulement des jours a fracassé les souvenirs. Elle ne se retourne pas. Loin du poids des choses, elle va. Au centre vit le feu, lent et juste, avec ce point de bleu pour la lumière froide dans la force des rouges. Et pour l’embrasement, il suffit d’une étincelle. D’un projet même d’étincelle.

 

Extrait du livre d'artistes "Elle" - Ile Eniger (textes) - Émile Bellet (peintures) - Éditions Chemins de Plume

Voir les commentaires

Partager cet article
Repost0
21 décembre 2024 6 21 /12 /décembre /2024 18:11

Aujourd'hui c'est l'hiver. Les jardins se sont éteints. Dans le portant de la pluie et du soir, elle écrit à la lueur d'une bougie. Cette lumière rassurante, vacillante, vibre avec les étoiles. Tous les chemins ont été pris, traversés, quittés. Demeure le présent. Ce blanc qui attend la nuit. La pluie tambourine, s'épaissit. Il pourrait neiger… C'est de là qu'elle écrit, de ce lieu intime, sans écho ni espoir, mais tellement vivant. Elle voudrait… Mais elle est seule maintenant. Plus grande que les leurres et les douleurs, elle pense aux bêtes, aux plantes, à la terre gelée. Elle pense au glacial du dehors. Et aussi au silence du dedans. Les phrases glissent dans la lumière dorée, elles animent le papier. Dans deux jours, ce sera Noël. Elle voudrait… Chaque mot est seul. Le paysage se tait. Le silence accompagne sa main. Elle sait, ailleurs n'est pas l'oubli. Elle pourrait sourire. Une fine couche duveteuse s'appuie sur le rebord de la fenêtre. Tout s'éloigne. Tout est là.

 

Ile Eniger - L'ordinaire des anges (à paraître)

Partager cet article
Repost0
7 décembre 2024 6 07 /12 /décembre /2024 14:58

Ile Eniger - L'ordinaire des anges - (à paraître)

Partager cet article
Repost0
11 octobre 2024 5 11 /10 /octobre /2024 17:03

Avec le départ de l’exceptionnel, de l'essentiel partage, un pays m’a été ravi. Me reste l’exil et sa caricature d'existence. Je donne le change mais plus grand-chose ne vibre. Je participe pauvrement. Je ne confie plus à quiconque la clé de mon territoire. Je parle, je fais, à la surface de la surface. Je ne vis pas, je cohabite. Tu as emporté tes couleurs, et les miennes, et le sens du jour qui se lève. L’entour s'agite sans toucher la peau de ma joie déracinée.  Reste un souffle étroit, un gris tendre inutile et un lointain semblant d’écriture qui s'obstine. Ni déprimée, ni désespérée, mais bien au-delà, je suis une maison cambriolée.

 

© Ile Eniger - L'ordinaire des anges (à paraître)

Voir les commentaires

Partager cet article
Repost0
11 octobre 2024 5 11 /10 /octobre /2024 17:03

J'ai essayé pourtant. Les soirées littéraires rassurantes à peu de frais. Les rassemblements engagés hauts les cœurs où l'on se croit plus fort. Les réseaux dits sociaux, miroirs qui mentent aux alouettes. Les discussions personnalisées confortables d'égotisme. Les blogs confidentiels, les vitamines à la mode, les médecins indifférents, les prières patentées, les lectures reconnues, les rivages inconnus, les respirations conscientes, les lâcher-prises conseillés. J'ai essayé. J'ai essayé l'acceptation et le refus d'un monde inconséquent. J'ai essayé vraiment. La marche, le vélo, de loin, de près, avec, autour, partout, vers, jusqu'à perdre ma voix, ma voie, et au désert mes traces. J'ai essayé beaucoup. L'amitié, le pardon, l'éloquence, la confiance, le cri, le silence. Alors aujourd'hui assez ! Je quitte les apnées, les questions, les intégrations, les réponses sous vide et tout le reste qui n'en sait pas plus que moi et qui fait semblant. Je regarde. Les lunes bleues ou rousses des hasards du ciel, les mésanges imprudentes dans les oliviers, le chat et son travail de chat, la pluie sur tous les toits des hommes, des bêtes, des arbres. Je jette tous les moules. Je suis de l'air et l'âge qui me traversent. Du rien, du tout, qui me dépassent. De la douleur et de la joie qui me rencontrent. De la place unique qui existe sans raison. Au diable ce qui manie l'encensoir, la certitude, le jugement. Ce qui agite chiffons de peurs, d'illusions, de laideurs. Ce qui impose et croit savoir. Je respire sans justifications. Respire ma fille, tu es Libre.

 

© Ile Eniger - L'ordinaire des anges (à paraître)

Partager cet article
Repost0
25 septembre 2024 3 25 /09 /septembre /2024 12:56
Depuis que tu es parti où je ne sais pas que tu es, je continue à te partager notre vie. Ce nous qui arbitrait tous nos gestes pour inventer un vivre ensemble qui nous était essentiel. Aucun mouvement d'agitation ne me capture, ne me captive, ne me déroute. Tu es plus que là, tu es partout. Et qu'il pleuve ou qu'il vente, cette immensité lumineuse me redonne la force du noyau. Pourtant, même le chat s'est envolé, comme toi un jour de juillet, laissant les mêmes larmes et la trace de ses pattes douces sur le bord de mon âme comme tu y as laissé l'empreinte du bonheur. Je fuis ceux qui me voudraient "passer à autre chose", comme si l'amour était un produit remplaçable. Comme si le but était de tout combler, le vide, la douleur, le quotidien. Comme si tout devait passer alors que c'est nous qui passons, alors que chacun de mes pas solitaires porte l'accompagnement du rien éblouissant de ta présence absente. Et à chaque bout de soir, dans le soleil qui s'éteint, je me rappelle que rien ne meurt, que tu es ma maison, que je ne vivrai pas ailleurs.
 
© Ile Eniger - L'ordinaire des anges (à paraître)

Voir les commentaires

Partager cet article
Repost0

  • : PAGES Ecrites
  • : Littérature
  • Contact

  • Ile Eniger
  • Auteur
  • Auteur

"N'allez pas là où le chemin peut mener,

allez là où il n'y a pas de chemin

et laissez une trace"

Ralph Waldo Emerson

Pour utilisation des textes et articles merci de demander une autorisation

Pour voir les images en plus grand, cliquer sur l'article

 

 

Bandeau Pages écrites : Photo Ile Eniger

Description Littérature : 1ère couverture "Terres de Provence" Ile Eniger - Illustrations Croquis Emile Bellet

À propos : Dessin Émile Bellet

Pour commander mes livres

"Ils pourront couper toutes les fleurs, ils n'empêcheront pas le printemps"

Neruda