C'était un temps de bruyantes agitations, de promesses fourbes, de spirales infernales, de courses effrénées à même le néant. Un temps de vernis sales, malsains, de lumières menteuses, d'intelligences mortes, d'indifférences et de paraîtres morbides. Un temps de souffles contrôlés, d'egos flattés, de luttes illusoires et fratricides, d'enterrements de petits bonheurs. C'était un temps de toutes les laideurs des humaines salissures. Elle en avait eu assez du galimatias des tu dois, il faut de ce monde malade de ses pouvoirs. Un soir, après avoir longuement regardé le ciel étoilé, simplement, elle avait pris la décision de se choisir. Au petit matin lavé de frais, il faisait à peine jour quand elle avait tourné la clé derrière elle. Chaudement vêtue, le chat à ses côtés, elle avait pris le chemin dans une aurore neuve de murmures de plantes, de bêtes, et autres pierres précautionneuses. À son épaule, un sac solide portait son plus précieux, des mots bienveillants, des voix aimés, des images douces et fortes, une absolue respiration de confiance, d'aimance, et des choses dont peu se souciaient mais en qui elle croyait. Déterminée, elle avait quitté la dangereuse prédation, l'inutile bruit.
Ile Eniger - L'ordinaire des anges (à paraître)