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15 avril 2024 1 15 /04 /avril /2024 15:14

Le manque ampute le bonheur chaque souffle un peu plus. Dans la maison seule, le jour peine. Le corps de l'absence tout entier y respire. De mauvaises herbes en rêves tenaces, un mouvement de mots imprime le silence. Je n'écris que de toi. Même quand je ne dis rien, je ne parle que de toi. Je n'oublie ni nos lilas, ni la rosée sur les joues des iris, encore moins l'innocent et sensuel parfum de nos roses dans la montée du soir juste après la pluie. Et même si de la lumière j'ai perdu l'absolu, c'est là que je sais la marque de tes pas.

 

© Ile Eniger - L'ordinaire des anges - (à paraître)

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31 mars 2024 7 31 /03 /mars /2024 10:12

C'est une longue marche qui oblitère le soleil et neige d'aubépines. La saison change de chaussures, le jour est moins vieux, les arbres anciens savent. Encore un beau printemps, se dit l'oiseau.
Ile Eniger

C’est une longue marche qui oblitère le soleil et neige d’aubépines. La saison change de chaussures, le jour est moins vieux, les arbres anciens savent. Encore un bel été se dit l’oiseau. I.E.C'
C’est une longue marche qui oblitère le soleil et neige d’aubépines. La saison change de chaussures, le jour est moins vieux, les arbres anciens savent. Encore un bel été se dit l’oiseau. I.E.
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17 mars 2024 7 17 /03 /mars /2024 12:48

Je me souviens… ça vient de loin, ça va plus vite que moi, ça sert à quoi ? Les jeux dans les feuilles aux sentiers terreux. Les heures tricotées en évitant les trous. Les promesses effacées des âmes maladroites. Les bonheurs donnés repris. Lilas, pivoines, amandiers et autres, en fleurs, en parfums, chaque année, pourquoi ? Les joies virevoltantes piquées à la fin sur la toile du jour. Les mystères d'eaux à la gorge du rossignol. Les pas, les traces, les souvenirs, ces passages dont on oublie le sens. Quelqu'un arrive, un autre part. Et tout le reste qui remplirait des pages de cahiers, des pages d'existences, des pages de peurs et d'espoirs, des abris de maisons, d'arbres, de chants. C'est quoi tout ça qui aime, meurt et recommence ? Et les mots qui s'entassent pour rassurer la nuit. Et le chat dont les yeux sont plus vastes, plus confiants que l'amour même. C'est quoi tout ça ? Je me souviens… et ça ne suffit pas.

 

Ile Eniger - L'ordinaire des anges - (à paraître)

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14 février 2024 3 14 /02 /février /2024 13:21

Elle appuie fort ses mains, ferme les yeux, dit la formule et le mur tremble. Sur les feuilles de pierres s’écrivent des paroles. Chancelle la matière. Une chaleur incurve la droite des rigueurs. Si les mots sont occultes, elle choisit ceux-là qui gardent l’origine. L’instinct guide son sang et rince son regard. Elle touche le vrai qu’elle ne connaît pas et qu’elle reconnaît au ploiement de la nuque vers les images belles. Aimer brise le doute et gomme l'acéré. Du bleu du feu blanchi, crissent des soies qui tombent comme chutes de sables. Elle en fait des châteaux, des passerelles. Elle en fait un archet pour convaincre la vie. Chaque arbre est son violon. Rien ne lui cache les immenses. Elle touche le roc, elle apprend la matière. Au portail des peurs, sur les jours effrités, quand, à la même table, confiance et trahison soutiennent son regard, elle ne cille pas. Si chaque homme qui meurt est un pas solitaire, elle dit que les pas arrivent au soleil. Elle appuie fort ses mains. Elle appelle la louve, la jamais capturée. Et du ventre des terres monte son chant puissant. Une femme debout.

 

Ile Eniger - Le bleu des ronces - © Éditions Chemins de Plume

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4 février 2024 7 04 /02 /février /2024 18:13

Les mots viennent, ils disent plus qu’écrire. J’écrirais même si personne ne me lisait. Ce qui m’importe, c’est ma part d’être. Une goutte d’eau ne demande rien, ni son devenir ni sa fonction. De même la pierre, l’arbre et tout ce qui fait la vie. Le sommeil du chat me fascine davantage que les circonvolutions ineptes de la Bourse. Je m’éloigne des avoirs, des paraîtres, ces choses inutiles et perverses qui fabriquent des mises en scène, des esclavages et produisent de douloureux engrenages. Leur vide colporté sidère. Comme le loup, je me méfie des hommes. La récurrence des saisons et leurs graines m’est source inépuisable comme l’air et l’eau. Jubilation. J’écris de riens, de choses élémentaires qui relient. Vivre s’aboutit de ses choix, pas de discours, de possessions ou d’apparences. Vivre laisse venir ce qui est. Aujourd’hui c’est la pluie, elle met entre parenthèses mes projets de jardin. Il me plaît qu’elle soit ainsi, vivante.

 

Ile Eniger - La maison dans les airs - © Éditions Chemins de Plume

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17 janvier 2024 3 17 /01 /janvier /2024 15:47
Elle a quitté les remous de la ville, les remugles bourgeois, les certitudes inutiles, le ronflement des ego, les agitations rassurantes, la carotte devant l'âne. Elle a abandonné tous les débats. Ni plus ni moins qu'herbe, caillou, souffle d'air, chemin d'eau, elle va sa vie de simple vivante. Elle n'a gardé que quelques belles décisions avec lesquelles, chaque matin elle cire l'entrée du jour pour qu'il épouse la lumière. Elle va en silence habité, aux chants d'oiseaux, à la source. Elle est de ceux-là qui aiment. Elle est si légère maintenant, ses pas marquent à peine la neige. Elle ne cueille plus les fleurs et chaque printemps s'approche sans crainte de sa maison petite. Un bleu de Provence conduit son ciel et son regard. Apaisée dans la buée du temps qui porte la vie, de plus en plus souvent, elle sourit.
 
Ile Eniger - L'ordinaire des anges - (à paraître)
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24 décembre 2023 7 24 /12 /décembre /2023 13:41

Elle a quitté la ville. Va à l'écriture comme d'autres au bois, au charbon, ou au rien. De cailloux en herbes, de noyaux en cerises, l'arbre est son crayon, la terre son cahier. Et les mots quand ils veulent. L'unique est sa marche. De jour, on la connaît à son silence, l'éloquence de ses yeux. De nuit, à sa pensée taillée de près. Ses sandales sont usées. Son rêve est dans sa poche. Elle le touche, souvent. Boussole. Ses mains retiennent l'eau, on peut y boire. L'ourlet de sa robe ne se déchire plus, elle l'a coupé. On voit ses jambes nues. C'est une fille loin des foules. On dit qu'elle exagère, qu'elle veut la fusion, l'osmose, ces choses impossibles. On dit qu'elle en veut trop. On dit. Mais ceux qui disent n'ont jamais regardé le soleil en face. Elle si.

 

Ile Eniger - Une ortie blanche - Éditions Le Libre Feuille

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20 décembre 2023 3 20 /12 /décembre /2023 14:20
La ville sale allume ses vitrines. Le mensonge clinquant argumente, repu. L'anonyme poussière a dévoré les rues de cette ville en rut qu'édentent des néons sur des façades tristes. L'échine du passant rejoint sa tanière. Des hommes et des chiens cherchent dans des cartons un os d'humanité. Et cette ville laide refoule ses misères, puis toute honte bue, vitesse contrôlée, indifférence brute, vomit le serpent hébété des voitures. Le ciel reste ciel comme l'air reste pauvre et l'argent bien placé. Le silence perdu pourrit entre décorations et souillures. La ville meurt du trop de sa fureur de vivre. La gerbe étroite de décembre explose ses petits jours. La bise mord, fige la rue et la chanson. Il fait ce blanc et noir d’attente en réclusion, cette gerçure où s’enfonce l’oubli. Plus aucun sang ne germe. Des gestes se rassemblent autour de la douleur. Des mains dans les poubelles ont perdu leurs anneaux. Quelque musique rare explore le silence. Un brasero déconcerte la nuit. Les pauvres de Noël désossent leur misère. Brutale, la mer prie en une plainte hostile. L’hiver dévore les cendres de sa neige. Sur les heures qui fuient, ne reste des visages, que la hâte des pas qui baissent les yeux.
 
Ile Eniger - Du feu dans les herbes - Éditions Chemins de Plume
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16 décembre 2023 6 16 /12 /décembre /2023 23:41
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7 décembre 2023 4 07 /12 /décembre /2023 13:21

C'était un temps de bruyantes agitations, de promesses fourbes, de spirales infernales, de courses effrénées à même le néant. Un temps de vernis sales, malsains, de lumières menteuses, d'intelligences mortes, d'indifférences et de paraîtres morbides. Un temps de souffles contrôlés, d'egos flattés, de luttes illusoires et fratricides, d'enterrements de petits bonheurs. C'était un temps de toutes les laideurs des humaines salissures. Elle en avait eu assez du galimatias des tu dois, il faut de ce monde malade de ses pouvoirs.  Un soir, après avoir longuement regardé le ciel étoilé, simplement, elle avait pris la décision de se choisir. Au petit matin lavé de frais, il faisait à peine jour quand elle avait tourné la clé derrière elle. Chaudement vêtue, le chat à ses côtés, elle avait pris le chemin dans une aurore neuve de murmures de plantes, de bêtes, et autres pierres précautionneuses. À son épaule, un sac solide portait son plus précieux, des mots bienveillants, des voix aimés, des images douces et fortes, une absolue respiration de confiance, d'aimance, et des choses dont peu se souciaient mais en qui elle croyait. Déterminée, elle avait quitté la dangereuse prédation, l'inutile bruit. 

 

Ile Eniger - L'ordinaire des anges (à paraître)

 

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Auteur : Ile Eniger - "La liseuse" tableau d' Emile Bellet

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